Yanis, 16 ans, étudiant
« Dans le monde actuel, nous ne respectons pas assez le féminin et nous créons un déséquilibre entre le féminin et le masculin. Le résultat est que le masculin se retrouve surélevé, ce qui est une manière de ne pas le respecter non plus. Il faut agir. »
« Debout Citoyennes nous a montré qu’une autre manière d’agir ensemble est possible, basée sur plus de solidarité et de partage. »
Témoignage recueilli le 08 avril 2020.
Ma principale motivation à participer à l’événement.
J’ai entendu parlé de l’événement parce que je connaissais Eklore. J’ai pensé que Debout Citoyennes était une bonne initiative et que c’était important de se joindre à l’événement. La principale raison est que Debout Citoyennes met en valeur l’humain, de plus en plus absent dans notre société. Debout Citoyennes permet de réfléchir là-dessus.
Ce qui a été le plus fort pour moi et pourquoi.
En fait, il n’y a pas eu un moment particulièrement plus fort que les autres pour moi, tout m’a touché, je pense que le plus important était le but, la cause que porte Debout Citoyennes. C’est quelque chose de difficile à dire avec les mots parce que c’est plutôt quelque chose que j’ai senti pendant l’événement. Je pense que ce qui m’a marqué le plus était la solidarité dans le groupe, et le fait que les femmes ne parlaient pas pour nous le public mais avec nous, j’ai senti cette solidarité pendant tout l’événement.
Dans la vie quotidienne, je ne vois pas assez cette solidarité entre les gens. Par exemple, dès qu’il y a un problème entre deux personnes, elles ne prennent pas le temps de s’expliquer, de se pardonner. Elles restent dans l’hostilité. La solidarité serait très utile dans des cas comme ça.
J’ai aussi remarqué que le 8 mars, les femmes parlaient de manière décidée et assurée, elles étaient bien dans le sujet, et montraient une grande confiance en elles. C’est la grande humanité qui m’a touché d’abord, ensuite le respect aussi. Ça fait plaisir et ça change tellement de la vie de tous les jours, où on entend les gens s’insulter dans le RER par exemple.
Ma première impression associée à Debout Citoyennes a été que le sujet des femmes me semblait important. Ensuite j’ai senti aussi que Debout Citoyennes a montré qu’il existe des manières d’agir différemment dans la vie. Je pense que beaucoup de gens n’ont pas conscience de cela, et ils sont plus à plaindre qu’autre chose. Debout Citoyennes nous a montré qu’une autre manière d’agir ensemble est possible, basée sur plus de solidarité et de partage.
Une autre chose importante portée par Debout Citoyennes est le féminin, qui est présent bien sûr chez les femmes mais aussi chez les hommes. En tant qu’homme je pense qu’on respecte cette deuxième partie de nous chez Eklore, cette deuxième partie qui complète le masculin.
Dans le monde actuel, nous ne respectons pas assez le féminin et nous créons un déséquilibre entre le féminin et le masculin. Le résultat est que le masculin se retrouve surélevé, ce qui est une manière de ne pas le respecter non plus. Il faut agir.
Donner la parole à 100 femmes à Debout Citoyennes aide le féminin à être plus respecté. En assistant à l’événement, les femmes ont entendu qu’elles n’étaient pas assez prises en compte, et les hommes se sont dits qu’ils devraient tout de même laisser plus de place au féminin. Je pense que les hommes, d’eux-mêmes, peuvent se mettre à comprendre qu’il faut minimiser la place donnée au masculin, c’est plus facile dans ce sens, car il est plus difficile pour les femmes de remettre elle-même le féminin à la bonne place.
Les femmes ont à gagner en étant plus respectées et prises en compte, pour les hommes c’est l’occasion d’être plus solidaires et de mieux avancer ensemble.
La manière dont je perçois les inégalités entre les hommes et les femmes dans notre société, c’est d’abord par les statistiques avec par exemple les violences domestiques faites aux femmes. Ou encore dans le monde du travail lors d’un recrutement où un homme peut être choisi plutôt qu’une femme parce qu’une femme pourra être en congé maternité. Ce qu’on ignore dans ce cas est le déséquilibre que cela peut créer dans l’ambiance générale, ce qui empêchera de progresser. Enfin à l’école, on constate aussi des différences quand par exemple au foot on a le choix entre un garçon et une fille pour constituer une équipe, et qu’on choisit le garçon en se disant qu’il va être plus fort mais sans considérer qu’avec un peu de pratique la fille pourrait être meilleure, on ne pense pas au long terme.
Ce que Debout Citoyennes a fait résonner le plus fort en moi.
L’environnement dans lequel je vis, avec une forte présence de la télévision par exemple, me révolte. J’essaie de voir comment reformuler les choses dans ma tête. Les gens n’ont pas l’habitude de réfléchir. Avec Debout Citoyennes, le cerveau ne peut pas rester indifférent, et nous pousse à réfléchir aux choses qui nous gênent.
Je suis optimiste même si je pense que parfois les femmes veulent rester dans la position où elles sont par peur de l’inconnu, par peur de quitter une zone de confort. C’est difficile parfois d’accepter d’avoir un peu mal aujourd’hui pour aller mieux après.
Le mouvement Eklore en général ou Debout Citoyennes permettent de voir un grand nombre de personnes agir et parler dans le même sens, prendre une direction différente de ce que l’on voit dans le monde, dans le quotidien. Ça nous aide à mieux observer le monde et les comportements du quotidien. Parfois, j’ai l’impression de voir comme plein de points d’exclamation quand j’entends des réflexions ou quand je vois des comportements qui vont à l’opposé de cette direction montrée par Eklore. On se dit, attention il y a quelque chose sur lequel on doit réfléchir.
Dans les groupes, parfois ce qui ne marche pas c’est que les personnes expriment du mépris, qui force très vite chacun à être dans son coin, on oublie d’être plus tranquilles et on oublie que chacun peut aider les autres.
Parfois dans la vie ça m’amuse de faire ou dire des boulettes pour souligner des choses qui ne vont pas, mais j’aimerais être encore plus courageux pour dénoncer encore plus fort ce qui ne va pas.
Pour aller encore plus loin, j’ai envie de vous dire…
Eklore a choisi de mettre 100 femmes sur la scène du Zénith. Je pense que l’on aurait dû ajouter des hommes pour avoir leur point de vue aussi.
Même si le 8 mars était le jour du droit des femmes, l’avis des hommes on en fait quoi ? On a besoin du point de vue des femmes ET du point de vue des hommes, c’est important.