Ousmane
« Au Sénégal d’où je viens, je n’ai pas connu de femmes qui pouvaient s’exprimer de cette manière-là, du fond de leur âme.”
« Si les femmes deviennent libres, alors la société tout entière peut se libérer, tout le monde peut se sentir libre. La paix intérieure est importante, on ne peut atteindre cette paix que lorsqu’on a permis aux femmes d’être libres. »
Témoignage recueilli le 03 avril 2020.
Ma principale motivation à participer à l’événement.
J’ai assisté à quelques événements Eklore. Solenn et mon amie Julie m’ont toutes les deux parlé de Debout Citoyennes quelques semaines avant le 8 mars.
Je suis alors allé sur internet me renseigner sur l’événement, ça m’a touché au fond de moi, j’ai pensé à ma maman. J’ai décidé d’y aller car c’était important de découvrir l’évènement pour moi et pour elle.
Je suis allé seul à Debout Citoyennes. Avant de pouvoir rentrer dans la salle, j’ai attendu sous la pluie et les portes tardaient à ouvrir, j’ai pensé repartir chez moi mais Julie m’a dit que ça valait la peine de rester et j’ai bien fait d’attendre !
Le moment le plus fort pour moi et pourquoi.
J’ai été touché tout au long de l’événement avec des interventions très intéressantes mais la personne qui m’a le plus touché est Virginie Delalande. Lorsqu’elle parlait, j’avais les larmes aux yeux, je pensais que Virginie était née sans pouvoir parler, et qu’elle aurait pu ne jamais parler comme ça, mais elle a tout de même appris en grandissant.
Grâce à Virginie, nous avons tous compris qu’en aidant des gens sourds et muets, ils peuvent ensuite s’exprimer comme toi et moi, et ça on ne le sait pas, on croit que ça n’est pas possible. J’aurais envie que toutes les femmes voient le 8 mars pour qu’elles sachent que c’est possible d’être libres, comme ça a été possible pour Virginie Delalande d’apprendre à parler. Peut-être que toutes les femmes, les jeunes femmes en particulier, ne savent pas que c’est possible.
Si les femmes deviennent libres, alors la société tout entière peut se libérer, tout le monde peut se sentir libre. La paix intérieure est importante, on peut atteindre cette paix que lorsqu’on a permis aux femmes d’être libres.
Quand je vois Solenn parler au public, je la vois très libre, sans obstacle, ça passe.
Pourquoi les autres femmes ne peuvent pas être comme Solenn, comme Sophie ?
Même dans la société française les femmes sont trop soumises. Elles ont peur et ne peuvent pas s’exprimer. En public, elles restent dans leur coin, comme si leur vie s’arrêtait là mais la vie est ailleurs.
Il y a trop de domaines de la société où les femmes ne sont pas assez présentes, comme la politique, j’ai été touché que deux femmes secrétaires d’état soient présentes. C’est important de montrer que la politique n’est pas réservée aux hommes mais qu’elle est aussi pour les femmes.
Dans les familles également, la femme doit prendre plus sa place. Je veux que ma femme et mes filles soient libres.
Le 8 mars il y avait un sentiment de communion, de sensibilisation pour que les femmes soumises aillent vers la liberté.
Ce que Debout Citoyennes a fait résonner le plus fort en moi.
Le 8 mars m’a permis de sentir que les choses changent, c’est le premier événement auquel j’ai assisté et où j’ai vu des femmes parler aussi librement.
Cela a ouvert mon esprit, ça a été un cadeau pour moi. J’ai appris beaucoup en participant à cet événement, en voyant des femmes s’exprimer librement, mais cette liberté n’est pas acquise à 100%. Au Sénégal d’où je viens, je n’ai pas connu de femmes qui pouvaient s’exprimer de cette manière-là, du fond de leur âme. Dans ma famille, les femmes, mes mères, ma maman, ne s’exprimaient pas ainsi.
J’ai parlé de cet événement, après coup, à mon frère et à ma sœur, qui vivent au Sénégal.
Je voulais leur en parler parce que ma sœur n’est pas libre même si elle l’est un peu plus que ma maman qui était très soumise devant la communauté et devant mon papa.
Parfois, on parlait de ça avec ma maman, qui n’est plus là aujourd’hui. Je suis très proche de ma maman. J’ai eu la chance d’aller à l’école française et je connaissais des choses de la vie. J’étais mal à l’aise de voir ma maman si soumise. J’étais très proche de ma maman et parfois je lui disais :
« Maman, tu dois être libre, libre d’être, libre de tes actions et libre de t’exprimer. »
Mais ma maman me disait qu’elle était née dans la soumission et qu’elle mourrait dans la soumission à cause de la peur de la réaction de mon papa qui aurait pu être violent. Cette idée m’a fait pleurer. Ma maman savait qu’elle n’était pas libre mais elle avait peur de réclamer cette liberté.
Pourquoi ne pas permettre cette liberté aux femmes et les réduire à une situation d’infériorité ? Les femmes se sentent inférieures alors qu’elles ne le sont pas. Elles doivent toujours dire oui et jamais non, même si c’est mauvais pour elle. Ça n’est pas bon.
En tant qu’homme et grâce à Debout Citoyennes, je réfléchis encore plus à l’importance de considérer la femme comme un être humain et pas comme un objet. Je réfléchis à l’importance de ne pas soumettre la femme en lui disant tu vas faire ci ou ça…
J’ai envie de réfléchir à comment je peux aussi apporter du bonheur aux femmes. Je dois d’abord donner la liberté à la femme.
C’est aussi pour moi car ça me donne de l’estime de moi, de la confiance en moi.
La timidité fait partie de mes défauts depuis que je suis jeune, et surtout quand j’étais adolescent. Je sais que je suis trop timide parce que ma maman était trop soumise.
Une autre chose que j’ai beaucoup appréciée pendant Debout Citoyennes, ce sont les moments de méditation.
La première fois que j’ai médité c’était lors d’un événement Eklore, et je découvre encore ce qu’est la méditation pour moi. Quand tu médites tu sens ton corps de l’intérieur, il se passe quelque chose. La méditation me permet de me sentir mieux connecté à moi-même, ça m’aide à construire mon esprit.
Je n’ai pas les mots pour qualifier le 8 mars.
Pour aller encore plus loin, j’ai envie de vous dire…
Quand je me suis assis à ma place, au Zénith, le 8 mars, j’ai commencé à vibrer immédiatement parce que j’ai senti que l’événement était important, très important pour moi. J’ai pris mon portable j’ai tout de suite changé ma photo de profil WhatsApp pour mettre l’affiche de Debout Citoyennes. Depuis le 8 mars, plus de 20 personnes m’ont demandé ce qu’était cet événement, j’ai expliqué que c’était un événement qui m’avait beaucoup marqué. J’ai tout expliqué de A à Z.
La prise de parole de Solenn me touche toujours, elle touche mon âme depuis l’intérieur. Je lui ai déjà demandé si elle avait fait des études de philosophie. Je veux ça pour toutes les femmes, pour que la société devienne très bonne.
Au Zénith, j’étais assis à côté d’une femme qui s’appelait Stéphanie, quand elle m’a senti vibrer, on s’est parlé un peu. Elle m’a dit : « Tu es attaché aux femmes ? » et j’ai dit « oui c’est pour ça que je suis là. »
Debout Citoyennes, c’était grandiose pour moi.